L'exploitation du sel dans la France protohistorique et ses marges
 
Table ronde du Comité des Salines de France
Paris,  lundi 18 mai 1998

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Coyah, Basse-Guinée (correspondance de Didier Joncheray)

On fabrique le sel en Basse-Guinée depuis au moins sept siècles. (...)

On dit que le sel servait, il n'y a pas si longtemps, de monnaie d'échange avec les Peuhls contre du bétail ou des esclaves attachés à la culture de terres ensuite vendues aux Blancs.
 

Il y a deux saisons : une pour le riz, l'autre pour le sel. On commence à semer le riz en début de saison pluvieuse (fin-mai, début-juin), puis à le repiquer dans les rizières aménagées en casiers (les bougoumis) bordés de petites digues et de canaux par lesquels on fait pénétrer ou sortir l'eau de mer à volonté en fonction des marées.

Au mois de décembre, (début de la saison sèche), après une ou plusieurs récoltes, on libère les bougoumis. On y fait pénétrer l'eau salée (fokho yé) un moment, puis on assèche complètement le sol sous l'effet du rayonnement solaire. L'eau des canaux devient très salée grâce à l'évaporation. Plus elle est salee, plus la difference de température entre la surface et le fond est grande. Les paysans jaugent la salinité en plongeant le bras dans le canal : alors que la surface est tiède, le fond est presque brûlant au plus chaud de la journée. A l'intérieur des bougoumis, le sol sec est beaucoup plus salé en surface. La terre, sous l'action du sel et du soleil n'a plus aucune structure, elle devient pulvérulente.
 
Vers le début février, les paysans commencent à racler cette terre poudreuse de la surface, et la rassembler en petits tas. Chaque famille installe un atelier fait de paillotes servant d'abris aux différentes étapes de fabrication et de campement provisoire, car le travail ne discontinue pas jusqu'à la mi-mai. Durant cette période, on ne rentre au village que de temps en temps.
 
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La méthode d'extraction du sel est basée sur l'évaporation par chauffage au feu de bois d'une saumure obtenue à l'aide d'une sorte de filtre fait de bois, de paille, et d'argile. Par filtrage, on sépare le sel de la terre traitée. On m'a dit pouvoir produire jusqu'à 75 kg de sel par jour avec trois filtres. Chaque année, on réinstalle l'atelier à peu près au même endroit. La terre qui a déjà été filtrée est jetée à proximité formant des tas considérables.
 
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Cliché : D. Joncheray 
 

Installations de la saunerie

Cliché : D. Joncheray 
 

Tas de terre salée destinée au lessivage

Cliché D. Joncheray 
 

Filtre utisisé pour le filtrage des terres salées

Cliché : D. Joncheray 
 

Batterie de fours en activité

Cliché : D. Joncheray 
 

Stockage du sel produit

 
 

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