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On dit que le sel servait,
il n'y a pas si longtemps, de monnaie d'échange avec les Peuhls
contre du bétail ou des esclaves attachés à la culture
de terres ensuite vendues aux Blancs.
Il y a deux saisons : une pour le riz, l'autre pour le sel. On commence à semer le riz en début de saison pluvieuse (fin-mai, début-juin), puis à le repiquer dans les rizières aménagées en casiers (les bougoumis) bordés de petites digues et de canaux par lesquels on fait pénétrer ou sortir l'eau de mer à volonté en fonction des marées.
Au mois de décembre,
(début de la saison sèche), après une ou plusieurs
récoltes, on libère les bougoumis. On y fait pénétrer
l'eau salée (fokho yé) un moment, puis on assèche
complètement le sol sous l'effet du rayonnement solaire. L'eau des
canaux devient très salée grâce à l'évaporation.
Plus elle est salee, plus la difference de température entre la
surface et le fond est grande. Les paysans jaugent la salinité en
plongeant le bras dans le canal : alors que la surface est tiède,
le fond est presque brûlant au plus chaud de la journée. A
l'intérieur des bougoumis, le sol sec est beaucoup plus salé
en surface. La terre, sous l'action du sel et du soleil n'a plus aucune
structure, elle devient pulvérulente.
Vers le début
février, les paysans commencent à racler cette terre poudreuse
de la surface, et la rassembler en petits tas. Chaque famille installe
un atelier fait de paillotes servant d'abris aux différentes étapes
de fabrication et de campement provisoire, car le travail ne discontinue
pas jusqu'à la mi-mai. Durant cette période, on ne rentre
au village que de temps en temps.