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Atelier de bouilleur de sel en Tregor, Bretagne, Cotes d'Armor
L'exploitation
du sel dans la France protohistorique et ses marges
Table ronde du Comité des Salines de France
Paris, lundi 18 mai 1998
Marie-Yvane DAIRE
Ateliers de bouilleurs de sel en
Trégor (Côtes d'Armor, Bretagne), données récentes
et inédites.
La
recherche sur les briquetages de cette région de la côte nord
de la Bretagne qu'est le Trégor bénéficie de données
récentes pour une part et inédites d’autre part concernant
deux sites ayant livré des ateliers de bouilleur de sel complets,
en bon état de conservation et dont la fouille programmée
a permis une étude fine : le site de Landrellec, fouillé
entre 1990 et 1991 et le site d'Enez Vihan, en cours d'étude depuis
1994, tous deux situés sur la commune de Pleumeur-Bodou (Côtes
d’Armor).
De
plan quadrilatéral, l’atelier de Landrellec présente
une surface intérieure de 50 m2, délimitée par des
murs épais à double parement de blocs de granite, inégalement
conservés mais atteignant au maximum 1,70 m de hauteur, avec une
entrée reconnue à l’est.
Un seul trou de poteau fut formellement
reconnu à l’intérieur du bâtiment. Au centre de l’atelier,
la structure de combustion est un grand fourneau rectangulaire de 2,80
m sur 0,90 m de dimensions internes, parementé de grandes dalles
de granite disposées de chant et elles-mêmes tapissées
d’argile.
L’entrée du fourneau, par
laquelle s’effectuait l’alimentation en combustible, est aménagée
dans la petite extrémité occidentale.
En
outre, l’atelier a livré plusieurs structures de stockage, cuves
ou bassin, présentant toutes un tapissage d’argile crue destinée
à en assurer l’étanchéité : une batterie de
cinq cuves au nord du fourneau, et une autre série de quatre cuves
dans l’angle nord-est du bâtiment. Ces cuves ont une capacité
volumique variant de 120 litres pour la plus petite à 1000 litres
pour la plus grande ; elles sont presque toutes délimitées
par des dalles de granite plantées de chant.
L’atelier d’Enez-Vihan présente
beaucoup de similitudes avec le précédent : de plan rectangulaire,
la surface enclose par des murets de pierre sèche est de 26 m2 ;
l’entrée sur bâtiment a été reconnue au sud
En arrière des parements de murets, des empierrements erratiques
forment des sortes de terrasses plus ou moins larges où, ponctuellement,
des bribes de parements ont été reconnues. 
Le fourneau central orienté
nord-sud, rectangulaire, présente une entrée à chaque
petite extrémité. Les parois du four sont constituées
par des dalles de granites de chant, alternant avec des parements de pierres
de plus faibles dimensions, le tout ayant été tapissé
d’argile.
Ici encore, des structures de stockage
(cuves ou fosses) du même type que celles de Landrellec ont été
reconnues dans l’atelier: trois cuves et une fosse au pied du mur ouest,
une au pied du mur sud, trois au pied du mur est.
L’une des fonctions principales
de ces cuves a dû être le stockage de la saumure qui subissait
ensuite une phase de cuisson-évaporation-cristallisation sur le
fourneau.
La
technologie identifiée au sein de ces atelier est la même
dans les deux cas : les travées constituant la grille du fourneau
était constituée par des briques aboutées deux à
deux ; ces briques étaient calées par des entretoises et
des boudins d’argile (hand-bricks), confectionnés au coup par coup
; sur la grille ainsi constituée étaient disposés
les godets à sel, de forme cylindrique (de 10 à 12 cm de
diamètre et de hauteur), contenant probablement une saumure réalisée
à partir d’eau de mer préalablement concentrée.
Des évaluations de production
réalisées pour l’atelier de Landrellec, à partir des
données concernant les éléments de briquetages et
les dimensions du fourneau, permettent de proposer, à titre d’hypothèse,
une production d’environ 70 kilogrammes de sel par fournée.
Les données stratigraphiques
et chronologiques montrent que ces ateliers, globalement contemporains,
ont fonctionné pendant la période de La Tène finale
(II ème siècle - première moitié du Ier siècle
avant notre ère)mais également que dans les deux cas, il
y a eu plusieurs phases de fonctionnement des fourneaux (nettoyage du fond
suivi d’un tapissage d’argile crue) et même des phases de réfection
et de remaniements architecturaux des ateliers.
S’il reste difficile d’évaluer
la durée totale de fonctionnement de ces ateliers (et donc leur
production globale dans le temps), celui-ci peut tout de même être
estimé à plusieurs années, ce que vient conforter
le caractère pérenne et monumental des aménagements
architecturaux.
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De
plan quadrilatéral, l’atelier de Landrellec présente
une surface intérieure de 50 m2, délimitée par des
murs épais à double parement de blocs de granite, inégalement
conservés mais atteignant au maximum 1,70 m de hauteur, avec une
entrée reconnue à l’est.
